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Comment la chimie est-elle devenue une science ?
Conférence d’Armand LATTES
Professeur émérite à l’Université Paul Sabatier
L’alchimiste espérait transformer le plomb en or et donner la vie éternelle, où la chimie nous mène-t-elle aujourd’hui ?
L’alchimie fait rêver……. ou trembler ! Usant de langages incompréhensibles et de symboles ésotériques, les alchimistes ont été les scientifiques d’une époque avec un héritage intellectuel important. Plusieurs siècles furent nécessaires pour rationaliser leur démarche et c’est seulement au XIXème siècle, après une longue controverse sur la réalité des atomes, que la chimie put se dégager des superstitions et devenir une vrai science.

Les alchimistes partageaient leur recherche en deux domaines :
– l’alchimie extérieure, où, à partir des connaissances de l’époque, ils essayaient de transformer les métaux lourds en métaux vils
– l’alchimie intérieure, où la transformation se proposait de contribuer à l’amélioration des hommes.
Parmi les alchimistes les plus connus, un français, Nicolas Flamel qui, à la suite d’une révélation, prétendit avoir transformé le mercure en or précisant même la date de cet événement : le 25 avril 1382. Modeste écrivain public, il dépensa des sommes considérables en œuvres de toutes sortes sans que personne ne pût trouver une origine rationnelle à cette fortune soudaine.
Après sa mort sa tombe fut profanée et l’on trouva son cercueil vide de tout cadavre… dès lors la légende d’une vie éternelle se perpétua, des témoins prétendirent pendant des siècles l’avoir rencontré.
Mais l’alchimie, qui nous a laissé de nombreux produits et procédés, fut rattrapée par la science, soit à partir d’idées nouvelles, comme celles de Paracelse, à l’origine du fameux concept « c’est la dose qui fait le poison », ou par l’introduction d’une vraie démarche scientifique, comme l’a fait Lavoisier.
Après lui, l’usage de la balance fut la règle pour toute étude de la matière. Mais les interprétations des phénomènes furent diverses et en France une bataille s’engagea entre ceux qui prônaient l’existence des atomes et ceux qui comme Berthelot la niaient, car ils ne « les voyaient pas », ajoutant même : « Je ne veux pas que l’on croie à l’existence réelle des atomes, comme les chrétiens croient à la présence réelle de Jésus Christ dans l’hostie consacrée »
Mais à la fin l’atomisme gagna la bataille et la chimie devint une science.
